L'ancienne église paroissiale Saint-Laurent d'Entrechaux se tient contre le château, au sommet de l'ancien village médiéval, déserté au profit de l'agglomération actuelle, en pied de pente.
Cette église a été édifiée au XIIe siècle en s'appuyant sur le rempart du château et les constructions qu'il abritait à cet endroit. Elle est composée d'une grande nef voûtée d'un berceau brisé à qui commence à l'est par une abside semi-cylindrique surmontée d'une voûte en cul-de-four. La façade occidentale est composée d'un portail monumental en pierre de taille surmonté d'un oculus, les deux sont de style roman. À l'origine, l'église était intégralement en pierre, y compris les couvertures en lauzes de pierre.
Au fil des siècles des transformations ont été opérées sur l'église : adjonction au sud d'un appentis abritant des chapelles et aujourd'hui disparu, creusement dans le rempart nord d'autres chapelles, édification du clocher avec ses hautes arcades (XVIIIe siècle) et d'une sacristie à l'est, au delà du choeur.
Au XIXe siècle le bâtiment a été surélevé pour mettre en place une couverture de tuiles canal à une pente sans que la lauze en dessous ne soit pour autant démontée. L'édifice originel, dans ses transformations au fil des siècles, a été fragilisé par de multiples évidements et creusements. En amont les terres se sont accumulées et les constructions retenant le talus se sont affaiblies.
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En 1864, la nouvelle église était construite, en 1924, le maître-autel était déplacé. Désaffectée, l'église Saint-Laurent s'est partiellement effondrée en 1939 : le talus amont a eu raison du flanc nord de l'édifice et l'a dévasté emportant dans sa chute une grande partie de la voûte de la nef. Ruiné, le bâtiment est resté abandonné à son triste sort jusque dans les années 90.
L'ancienne église Saint-Laurent avait fait l'objet d'un début de restauration grâce à l'intervention de plusieurs chantiers de bénévoles avant 1992. Arrivés au stade de la réfection de la voûte et de la couverture, ces travaux se sont interrompus car l'intervention d'entreprises spécialisées devenait nécessaire.
La municipalité a entrepris alors de commencer sa sauvegarde. La zone effondrée a été dégagée, le mur de soutènement a été en partie rebâti, les arcades en pierre de taille recomposées et le soutènement aval de l'édifice reconstruit pour sa base. Les annees 2000 ont été celles de la restauration de l'édifice: sa mise hors péril et sa reconstruction. Les études ont commencé en 2003, une fois les financements obtenus, les travaux ont commencé le 10 septembre 2007 pour se terminer le 28 octobre 2008.
L'édifice a tout d'abord été dégagé de ses décombres. Les pierres ont servi aux consolidations et à la construction d'une paroi de soutènement en gabion, au-dessus des vestiges découverts à l'amont de l'église. Les restes historiques médiévaux ont été sauvegardés avec soin. Encadrements en pierre de taille et façades de moellons, couverture en lauzes du choeur, l'ensemble de la ruine de l'édifice a été stabilisé, ses éléments restaurés.
Une fois ces consolidations faites la façade nord a été reconstruite et une charpente métallique et boisée a été mise en place. Cette charpente a un double rôle : suspendre le reste de voûte laissé tel quel avec ses lauzes et supporter une couverture neuve en tuiles canal. Les brèches dues à la ruine ont servi à mettre en place de nouvelles baies permettant plus d'éclairage, dans un langage architectural contemporain. Les baies, anciennes et nouvelles ont été munies de menuiseries. L'édifice dans la forme issue de sa ruine et les compléments actuels se juxtaposent.
Enfin, si le bâtiment a été sauvé de la ruine, restauré et reconstruit (clos et couvert), il s'agit avant tout d'une mise hors péril. Les sols, l'électricité et les parois intérieures sont laissés à des travaux futurs. Ainsi nous obtenons un bâtiment où trois ensembles de formes architecturales se côtoient : l'édifice médiéval du XVe siècle, les formes issues de la ruine, en particulier l'échancrure de la voûte, et les compléments du début du XXIe siècle : nouvelles parois, baies, charpente.
La silhouette du bâtiment restauré a repris sa place dans le paysage de la commune d'Entrechaux.
bulletin municipal d'information, "entrechaux actualités" , no 102, janvier 2009, p. 20-21.